Soulja Slim fut tué par balles la nuit précédent Thanksgiving, fin novembre 2003.[…] Le jour de sa mort avait bien débuté. Le clip de son nouveau single, «Lov Me Lov Me Not» était arrivé de New York. […] Après sa dernière sortie de prison, Slim avait financé un album, Years Later, et l’avait mis en vente sous son propre label, Cut Throat Committy. Il s’était vendu à plus de trente mille exemplaire dans la seule ville de la Nouvelle-Orléans, un chiffre phénoménal pour un indépendant, d’autant plus que régnait le piratage et qu’au moins quatre-vingts pour cent des ventes se faisaient sous le comptoir. À cette époque, dix mille était un gros succès; trente mille, un triple platine du ghetto.
Soulja 4 Life, The Street Made Me :
Le téléphone avait enfin cessé de sonner et j’allais me mettre au lit quand une Explorer noire s’est arrêtée, Q93 FM à fond à la radio : Lil Jon, «Trow It Up» ; le morceau en était à l’endroit où les East Side Boyz commencent à crier, «Recule salope, tire-toi de mon chemin»
Choppa était né pour la bounce. Dans sa vie, le reste n’était qu’échauffement. Enfant, il n’avait pas envie de se plier aux ordres ou d’être attentif, il était en permanence renvoyé de l’école. Aujourd’hui encore, chaque fois qu’il entendait que sa clique était dans la rue à jeter des briques contre un mur, il devait la rejoindre. «J’suis mauvais», a-t-il dit en prenant une pose de boxeur. Pourtant, Earl Mackie m’avait dit que c’était un gamin des classes moyennes et pas la racaille des cités qu’il prétendait être. Il venait d’une famille stable ; son père avait un boulot. Chez lui, Choppa s’appelait Derwin. Quel genre de star pensait-il devenir ? «La plus grande», m’a-t-il répondu. Beaucoup de gens, particulièrement les femmes, disaient qu’il ressemblait à Nelly et qu’il se déplaçait comme lui, et il prenait sa pour un compliment - Nelly se faisait un fric fou. «J’vais rester cent pour cent authentique et toujours humble, mais j’peux pas mettre de limites à Choppa, ça me rendrait pas justice.»
Dans le rap, il y avait les producteurs, responsables des beats et des morceaux, et des producteurs exécutifs qui en théorie coordonnaient l’ensemble mais qui, le plus souvent, mettaient simplement leur nom sur l’album et avaient droit à un bon paquet d’argent. La plupart des albums étaient bricolés au hasard sans aucune direction générale. À la Nouvelle Orléans, seul l’album 400 degreez de Juvenile avait essayé de faire mieux.Parmi les samples que j’avais apporté de New York, il y avait une marche de Bostich, un DJ de Tijuana membre du collectif Nortec qui ajoute de l’électronique à des figures mélodiques de fanfares traditionnelles et une rythmique puissante.
Textes extraits de Triksta de Nik Cohn, traduit de l’anglais par Bernard Hœpffner avec la collaboration de Catherine Goffaux