Être heureux c’est plus ou moins ce qu’on cherche.
J’aime rire, chanter et je n’empêche
Pas les gens qui sont bien d’être joyeux.
Pourtant s’il est une samba sans tristesse,
C’est un vin qui ne donne pas l’ivresse.
Un vin qui ne donne pas l’ivresse,
Non ce n’est pas la samba que je veux.
Faire une samba sans tristesse c’est aimer une femme qui ne serait que belle. Ce sont les propres paroles de Vinicius de Moraes, poète diplomate auteur de cette chanson et comme il le dit lui-même, le blanc le plus noir du Brésil. Et moi qui suis peut-être le Français le plus brésilien de France, j’aimerais vous parler de mon amour de la samba, comme un amoureux n’osant pas parler à celle qu’il aime, en parlerait à tous ceux qu’il rencontre.
J’en connais que la chanson incommode,
D’autres pour qui ce n’est rien qu’une mode,
D’autres qui en profitent sans l’aimer.
Moi je l’aime et j’ai parcouru le monde
En cherchant ses racines vagabondes.
Aujourd’hui pour trouver les plus profondes,
C’est la samba-chanson qu’il faut chanter.
João Gilberto, Carlos Lyra, Dorival Caymmi, Antonio Carlos Jobim, Vinicius de Moraes, Baden Powell qui a fait la musique de cette chanson et de tant d’autres, vous avez mon salut. Ce soir je voudrais boire jusqu’à l’ivresse pour mieux délirer sur tous ceux que grâce à vous j’ai découvert et qui ont fait de la samba ce qu’elle est, saravah… Pixinginha, Noel Rosa, Dolores Duran, Silvio Monteiro et tant d’autres. Et tout ceux qui viennent, Edu Lobo, et mes amis qui sont avec moi ce soir, Baden bien sûr, Ico, Oswaldo, Bidgi, Oscar, Nicolino, Milton, saravah… Tous ceux-là qui font qu’il est un mot que plus jamais je ne pourrai prononcer sans frissonner, un mot qui secoue tout un peuple en le faisant chanter, les mains levées au ciel : samba.
On m’a dit qu’elle venait de Bahia,
Qu’elle doit son rythme et sa poésie à
Des siècles de danse et de douleur.
Mais quelque soit le sentiment qu’elle exprime,
Elle est blanche de formes et de rimes.
Blanche de formes et de rimes,
Elle est nègre, bien nègre dans son coeur.
Pierre Barouh d’après Samba da Benção de Vinicius de Moraes sur une musique de Baden Powell. Bande originale du film Un homme et une Femme de Claude Lelouch.