Por que o Brasil ?

Dim 17 avril 2016
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Version originale française ci-dessous

Por que o Brasil ? Tal vez porque é um país onde toda a riqueza fica no futuro, como tú a quem este globo estava destinado.

Épigrafa de Por que o Brasil de Christine Angot.

“Como te chamas?”, perguntou-lhe. “Sophie”, foi a resposta. “Não danças?”, continuou ele. “Não, não gosto das danças africanas, é demasiado…” Demasiado quê? Compreendia a perturbação dela. Demasiado primitivo? Evidentemente que não. Demasiado ritmado? Já estava no limite do racismo. Decididamente nada se podia dizer sobre aquelas danças africanas idiotas. Pobre Sophie, tentava fazer o melhor possível. Tinha um belo rosto, com os cabelos pretos, olhos azuis, a pele muito branca. Devia ter seios pequenos, mas muito sensíveis. Era certamente da Bretanha. “Tu es bretã?”, perguntou ele. “Sim, de Saint-Brieuc!”, respondeu ela com alegria. “Mas adoro as danças brasileiras…”, acrescentou, na tentativa, com certeza, de fazer-se perdoar por não apreciar as danças africanas. Não era preciso mais para irritar Bruno. Começava a encher o saco dessa estúpida mania pró-Brasil. Por que o Brasil? Conforme tudo o que sabia, o Brasil era um país de merda, povoado de brutos fanáticos por futebol e por corridas de automóvel. A violência, a corrupção e a miséria estavam no apogeu. Se havia um país detestável, era justamente, e especificamente, o Brasil. “Sophie”, exclamou Bruno com força. “Eu poderia ir ao Brasil, em férias. Passearia nas favelas, num microônibus blindado; observaria os pequenos assassinos de oito anos, que sonham em se tornar chefes de bando, as putinhas morrendo de AIDS aos treze anos; não sentiria medo, protegido pela blindagem; à tarde, iria à praia, entre riquíssimos traficantes de droga e de proxenetas; no meio dessa vida desenfreada, dessa urgência, esqueceria a melancolia do homem ocidental; tens razão, Sophie: ao voltar, pegarei informações numa agência Nouvelles Frontières.”

Michel Houellebecq, Partículas Elementares, 1998, tradução Juremir Machado da Silva, editora Sulina

Encontrado nesse blog blogdo.yurivieira.com

Couverture des Particules Élémentaires

« Pourquoi le Brésil ? Peut-être parce que c’est un pays dont toute la richesse est dans l’avenir, comme toi à qui le globe était destiné. »

Épigraphe de Pourquoi le Brésil de Christine Angot.

«Comment tu t’appelles ? demanda-t-il. - Sophie, répondit-elle. - Tu ne danses pas ? demanda-t-il. -Non répondit-elle. Les danses africaines, c’est pas ce que je préfère, c’est trop…» Trop quoi ? Il comprenait son trouble. Trop primitif ? Évidemment non. Trop rythmé ? C’était déjà à la limite du racisme. Décidément, on ne pouvait rien dire du tout sur ces conneries de danses africaines. Pauvre Sophie, qui essayait de faire de son mieux. Elle avait un joli visage avec des cheveux noirs, ses yeux bleus, sa peau très blanche. Elle devait avoir de petits seins, mais très sensibles. Elle devait être bretonne. «Tu es bretonne ? demanda-t-il. - Oui de Saint-Brieuc ! répondit-elle avec joie. Mais j’adore les danses brésiliennes…» ajouta-t-elle, dans le but vraisemblable de se faire pardonner sa non-appréciation des danses africaines. Il n’en fallait pas d’avantage pour exaspérer Bruno. Il commençait à en avoir marre de cette stupide manie pro-brésilienne. Pourquoi le Brésil ? D’après tout ce qu’il en savait le Brésil était un pays de merde, peuplé d’abrutis fanatisés par le football et la course automobile. La violence, la corruption et la misère était à leur comble. S’il y avait un pays détestable c’était justement, et tout à fait spécifiquement le Brésil. «Sophie ! s’exclama Bruno avec élan, je pourrais partir en vacances au Brésil. Je circulerais dans les favelas. Le minibus serait blindé. J’observerais les petits tueurs de huit ans, qui rêvent de devenir caïds ; les petites putes qui meurent du sida à treize ans. Je n’aurais pas peur, car je serais protégé par le blindage. Ce serait le matin, et l’après-midi j’irais à la plage au milieu des trafiquants de drogues richissimes et des maquereaux. Au milieu de cette vie débridée, de cette urgence, j’oublierais la mélancolie de l’homme occidentale. Sophie, tu as raison : je me renseignerai dans une agence Nouvelles Frontières en rentrant. »

Michel Houellebecq, les particules élémentaires, 1998, éditions J’ai Lu, p.133-134